Une grosse envie avant la cloche
Si tu es comme moi, tu t’es peut-être déjà inquiété de ressortir des toilettes publiques avec du papier de toilette accroché quelque part. Pour ma part, je prends toujours le temps de vérifier le tout avant de quitter la salle de bain, question de ne pas commettre l’irréparable.
Un matin de classe, je surveillais l’arrivée des élèves à l’extérieur. Pendant cette surveillance, j’ai eu très envie d’aller aux toilettes, tu comprendras, j’avais quand même bu mon thé vert et mon smoothie aux bleuets du matin.
Alors, à la cloche, lorsque je suis retournée en classe avec mes élèves, j’ai fait quelque chose de normalement interdit: j’ai demandé aux enfants de faire leur routine du matin et de se préparer seuls, car je devais vraiment aller aux toilettes. FALLAIT que j’y aille.
J’avais vraiment très envie et je ne pouvais pas attendre jusqu’à la récréation. Comme la salle de bain était juste à côté de ma classe et que mes élèves, cette année-là, étaient très responsables, je ne voulais pas déranger la secrétaire avec ça.
J’ai donc couru aux toilettes et essayé de faire ça le plus vite possible.
Dans ma hâte, je n’ai pas pris le temps de faire ma règle numéro un: vérifier le fameux papier de toilette.
Oups! J’ai oublié de vérifier le maudit papier!
Donc, de retour en classe, je vais au tableau devant mon groupe pour commencer ma leçon et une élève me dit: «Madame Marie-Eve, t’as quelque chose après tes fesses!»
Moi, de lui répondre: «J’ai quelque chose après mes fesses?» et je dirige ma main vers la zone.
Au moment où j’attrape le célèbre papier et que je comprends ce que c’est, une autre cocotte le comprend aussi et dit bien fort: «C’est du papier de toilette!». J’ai effectivement un bon mètre de papier accroché depuis le haut de mes pantalons.
Alors, évidemment, tous mes élèves partent à rire!
Être humiliée ou rire?
En quelques secondes, je passe par plusieurs émotions. Je ressens tout d’abord la présence de mon égo, ben insulté et humilié, qui a juste envie de se retourner et de crier aux élèves de se taire, que ce n’est pas drôle, que c’est vraiment irrespectueux.
Puis j’observe alors cette sensation et je me rends compte que c’est exagéré. Après tout, c’est seulement du papier de toilette, c’est juste drôle! Profite du moment, pis ris avec ton groupe!
Et là, je ressens un immense relâchement et je me mets à rire aux larmes avec mon papier toilette dans la main et le front accoté sur le tableau.
Petite leçon d’humilité pour moi – et mes élèves!
Ce que je retiens de cette anecdote, c’est qu’on se prend trop au sérieux, on a tellement peur de faire des erreurs et de ce que les gens pourraient penser.
Mais en bout de ligne, j’ai préféré rire avec mes élèves plutôt que de répondre par la colère. Après tout, c’était juste du papier de toilette! Ça n’enlève absolument rien à ma valeur comme personne ou comme enseignante.
J’aurais aussi pu choisir d’être humiliée et de répondre par l’égo. Après tout, qu’est-ce que les élèves vont dire? Ils vont se moquer de moi! Ma fierté aurait peut-être été sauvée, mais ça aurait été pas mal moins amusant.
Mon souvenir, aujourd’hui, serait beaucoup moins rigolo. En plus, ça aurait prouvé que mon estime personnelle était bien faible si je m’étais sentie attaquée par des enfants et du papier toilette.
J’ai même pu montrer à mes élèves que faire des erreurs, ce n’est pas si grave que ça, ça peut même être super drôle! D’ailleurs, ces élèves me parlent encore de mon papier toilette, même s’ils ne sont plus dans ma classe.
Pour moi, travailler l’estime personnelle, c’est la base! Ça devrait venir avant les maths et le français. Et malheureusement, on ne l’apprend pas assez. C’est un peu pourquoi ça prend beaucoup de place dans mes séances privées avec les enfants.
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